Tout savoir sur les dividendes

Il y a deux manières de gagner de l’argent en bourse. La première est la plus-value. Elle correspond à la différence entre le prix de vente et le prix d’achat. La seconde est le dividende, qui est la façon principale dont les entreprises rémunèrent leurs actionnaires. Dans cet article, nous vous présentons l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur les dividendes: qu’est-ce qu’un dividende, quand et comment le toucher. Nous verrons aussi comment l’analyser, ainsi que les différentes formes de dividendes.

Qu'est-ce qu'un dividende?

Les dividendes: qu’est-ce que c’est ?

Définition

Le dividende est une somme d’argent versée par l’entreprise à ses actionnaires. On peut l’interpréter comme la rémunération que perçoivent les copropriétaires de l’entreprise, en contrepartie des sommes qu’ils lui ont apportées.

Lorsqu’une entreprise fait des bénéfices, elle peut choisir :

  • de verser tout ou partie de ces bénéfices à ses actionnaires
  • d’en conserver une partie

Les dividendes correspondent à la part des bénéfices qui est versée aux actionnaires.

La part du bénéfice qui n’est pas distribuée aux actionnaires vient augmenter les capitaux propres de l’entreprise. En comptabilité française, elle est affectée en report à nouveau. La décision de verser ou non des dividendes, ainsi que leur montant, est prise lors de l’assemblée générale ordinaire (cf ci-dessous).

En général, les entreprises cotées communiquent en parlant de dividende par action (DPA).

On distingue le dividende brut, avant imposition, et le dividende net, après imposition. En France, sauf exception, les sommes dues au titre de l’impôt et des prélèvements sociaux sont prélevées à la source par votre établissement teneur de compte. Vous ne touchez que le dividende net. Pour plus de détails sur la fiscalité des dividendes, vous pouvez consulter cet article.

Dividendes et rendement

Le rendement (dividend yield, en anglais) correspond au rapport entre le montant du dividende et le cours de l’action. Il s’exprime en pourcentage:

Rendement\:(\%)={dividende\:par\:action\over cours\:de\:l'action }*100

Par exemple, une action qui vaut 80€ et qui verse un dividende de 2€ aura un rendement de:

Rendement\:(\%)={2\over 80 }*100=2.5\%

Comment toucher un dividende?

Le versement est totalement transparent pour l’investisseur. Il n’y a aucune démarche particulière à effectuer pour toucher les dividendes. Dès lors que vous êtes actionnaire d’une entreprise qui verse un dividende, vous recevez directement la somme correspondante sur votre compte titres (ou votre PEA, ou votre assurance-vie, etc…).

Les dates à retenir

En France, la majorité des dividendes est versée entre avril et juillet.

Il y a trois dates clés à retenir concernant le dividende:

1/ La date de l’Assemblée Générale Ordinaire

C’est au cours de l’Assemblée Générale Ordinaire (AGO) qu’est déterminé le montant du dividende et la date de son versement. Souvent, l’AG ne fait qu’entériner un montant déjà connu: beaucoup d’entreprises annoncent le montant du dividende à l’occasion de la publication de leurs résultats annuels.

L’Assemblée Générale Ordinaire a lieu une fois par an, dans les six mois qui suivent la clôture de l’exercice comptable.

2/ La date de détachement du dividende

Quelques jours avant le paiement du dividende, celui-ci est détaché.

Cela signifie qu’à partir de ce jour-là, les investisseurs qui achètent l’action n’auront plus droit au dividende.

Il leur faudra attendre le versement du dividende suivant. On dit que l’action se traite ex-dividende. A l’inverse, cela signifie que celui qui vend une action le jour du détachement du dividende ou après cette date, conserve ses droits et touchera le dividende.

3/ La date de versement du dividende

Trois jours ouvrés après la date de détachement du dividende, celui-ci est versé aux actionnaires. La somme correspondante apparaîtra alors sur votre compte.

Le saviez-vous?

Le jour du détachement du dividende, le cours de l’action baisse mécaniquement du montant du dividende. Dans le cas contraire, il serait trop facile d’acheter l’action la veille à la clôture de la bourse et de la revendre le lendemain à l’ouverture, en empochant le dividende au passage. Tout le monde se précipiterait pour faire ces opérations. Dès lors, il serait impossible de trouver une contrepartie.

Combien vais-je toucher?

Le montant que vous recevrez se calcule très simplement:

Versement=Dividende\:par\:action*Nombre\:d'actions\:en\:portefeuille

Ainsi, si vous avez 200 actions qui versent un dividende de 1.5€ chacune, vous toucherez:

200*1.5€=300€

Attention toutefois, il faut ajuster ce montant pour tenir compte de la fiscalité, qui est prélevée à la source (flat tax de 30% dans le cas général).

Les acomptes sur dividendes

Certaines entreprises choisissent de verser un ou plusieurs acomptes sur dividende. Cela signifie qu’elles vont verser le dividende en plusieurs fois. Les acomptes sont versés en anticipation de la décision de l’assemblée générale, qui détermine le solde à verser pour le dividende. Cette pratique est plutôt le fait des plus grandes entreprises. Total Energies, par exemple, verse un acompte sur dividende tous les trimestres, soit quatre versements par an.

Toutes les entreprises versent-elles des dividendes?

La réponse est non. Certaines entreprises ont pour habitude de ne pas verser de dividendes.

Le cas des entreprises en forte croissance

En général, les entreprises en forte croissance ne versent pas – ou peu – de dividendes. En effet, elles ont besoin de capitaux importants pour financer leur croissance: investissement dans des capacités de production supplémentaires, par exemple (usines), ou pour financer la croissance de leur masse salariale ou de leur besoin en fonds de roulement, etc…

Par exemple, sur le site dédié aux relations investisseurs de Tesla, on peut lire:

Tesla has never declared dividends on our common stock. We intend on retaining all future earnings to finance future growth and therefore, do not anticipate paying any cash dividends in the foreseeable future. 

Tesla n’a jamais déclaré de dividendes sur ses actions ordinaires. Nous avons l’intention de conserver tous les bénéfices futurs pour financer notre croissance future et, par conséquent, nous ne prévoyons pas de verser de dividendes en espèces dans un avenir prévisible.
Site des relations investisseurs de Tesla

Un autre exemple souvent cité est celui de Microsoft, qui a versé son premier dividende 20 ans après son introduction en bourse.

Le cas des entreprises en difficulté

Les entreprises qui traversent des difficultés financières ne versent pas non plus de dividendes, le plus souvent. Elles ont besoin de conserver toutes leurs liquidités pour faire face à leurs échéances de paiement. Lorsqu’elles sont durablement en pertes, elles n’ont tout simplement pas l’opportunité de le faire: elles n’ont aucun bénéfice à distribuer à leurs actionnaires. En France, l’article L232-11 du code du Commerce définit le cadre dans lequel les entreprises peuvent distribuer les dividendes.

Même si elles ne sont pas réellement en difficulté, les entreprises très endettées peuvent choisir de ne pas verser de dividendes. Cela leur permet de reconstituer leurs réserves de liquidités et d’assainir leur bilan.

Le cas des entreprises matures

A l’inverse, les entreprises matures, qui n’ont pas de gros projets d’investissement, versent traditionnellement des dividendes importants. Ce sont les entreprises vaches à lait (ou cash-cows, en anglais, une terminologie issue de la matrice du BCG).

De telles entreprises génèrent d’importantes liquidités, qu’elles reversent à leurs actionnaires. On cite souvent les entreprises dans les secteurs des télécoms, des services aux collectivités, ou encore les compagnies pétrolières.

Faut-il préférer les valeurs qui distribuent de gros dividendes ?

La réponse à cette question est loin d’être évidente.

Le dividende: un signe de bonne santé

D’une manière générale, le versement d’un dividende régulier est gage de la bonne santé d’une entreprise. Surtout si, de surcroît, le dividende progresse année après année.

Inversement, les entreprises dont les bénéfices sont erratiques ont des difficultés à avoir une politique stable de distribution de dividendes.

Certes… Mais il y a aussi beaucoup de contre-exemples.

Contre-exemples

Les entreprises en forte croissance

Nous avons déjà évoqué les exemples de Microsoft et Tesla. Pendant de nombreuses années, ces entreprises n’ont pas versé de dividendes. Cela reste d’ailleurs vrai pour Tesla. Pourtant, leurs cours de bourse ont connu des parcours tels que leurs actionnaires n’ont pas eu l’occasion de s’en plaindre.

Les entreprises dont les bénéfices risquent de baisser

Certaines entreprises affichent des taux de rendement particulièrement élevés. Il peut être tentant pour un investisseur de les acheter pour cette unique raison. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise idée, d’ailleurs. Mais il convient d’être prudent: la vision à un instant t peut être trompeuse. Si le rendement apparaît anormalement élevé, c’est parce que le marché estime qu’il y a un risque de baisse du dividende dans les années à venir.

Certains sites d’information boursière, comme Boursorama, publient la liste des entreprises versant les plus gros dividendes. Le tableau ci-dessous est une copie d’écran de ce palmarès, datant d’octobre 2023. On peut y lire que le rendement de certains titres dépasse 10%, et même 16%. On remarque que beaucoup de ces sociétés sont des foncières (Icade, Altarea, Mercialys) ou des promoteurs immobiliers (Nexity, Hexaom). Chacun de ces cas est un cas particulier, mais on peut dire globalement que, pour ces entreprises, le marché émet des doutes sur la soutenabilité de ces dividendes. Si l’environnement économique se dégrade pour ces entreprises, elles ne seront plus à mêmes de verser des dividendes aussi élevés dans les années à venir.

Tout savoir sur les dividendes: Palmarès des sociétés versant les plus gros dividendes

Dividendes majorés

Certaines entreprises choisissent de verser des dividendes majorés pour fidéliser leurs actionnaires. Cette majoration ne peut pas être supérieure à 10%. Pour y avoir droit, les titres doivent être inscrits au nominatif et détenus pendant une période déterminée (généralement entre deux et quatre ans).

Il s’agit d’une pratique assez peu répandue. En France, elle concerne par exemple des entreprises comme Air Liquide, L’Oréal, Engie, EDF ou encore Sodexo.

Dividendes en actions

Certaines entreprises offrent la possibilité de réinvestir le dividende en actions. C’est-à-dire que les actionnaires ont le choix: toucher un dividende en numéraire, ou recevoir la somme correspondante sous forme d’actions nouvelles. En général, les actions proposées sont décotées de l’ordre de 10%. Il y a donc une incitation à réinvestir le dividende en actions.

Le versement du dividende en actions permet à l’entreprise d’augmenter ses ressources. Cela se traduit en effet par une augmentation de capital. L’opération a du sens pour financer un projet d’investissement, ou pour réduire le niveau d’endettement, par exemple.

A noter que l’actionnaire qui choisit de recevoir son dividende en numéraire plutôt qu’en actions voit sa participation dans l’entreprise diminuée. On dit qu’il est dilué: il a toujours le même nombre d’actions, mais elles représentent une plus petite fraction du capital, puisque le nombre total d’actions a augmenté.

Les rompus

Lorsqu’une entreprise propose de verser un dividende en actions, elle le fait en général en fonction d’un ratio. Par exemple, elle proposera de distribuer 1 action nouvelle pour 20 actions détenues. Si le nombre d’actions que vous détenez n’est pas un multiple de 20, le calcul ne tombera pas juste. Dans ce cas, le solde sera généralement versé en numéraire. Par exemple, si vous possédez 43 actions, vous toucherez 2 actions gratuites, et un complément en numéraire correspondant à vos droits pour les 3 actions supplémentaires (43=2*20+3).

Actions gratuites

Il arrive que des entreprises distribuent à leurs actionnaires des actions gratuites. C’est une pratique courante pour Air Liquide, par exemple.

Les actions gratuites ont pour but de fidéliser les actionnaires: la distribution d’actions gratuites est souvent conditionnée à une certaine durée de détention des titres.

Une attribution d’actions gratuites se traduit par une augmentation de capital par incorporation de réserves. Attention cependant: il n’y a pas réellement de création de valeur. En effet, si le nombre d’actions augmente, la valeur de chacune diminue d’autant.

Vous trouverez des informations complémentaires au sujet des actions gratuites dans cet article sur le site de l’Autorité des Marchés Financiers.

Rachats d’actions

Dans certains cas, les entreprises préfèrent procéder à des rachats d’actions plutôt qu’au versement de dividendes. Elles achètent alors leurs propres actions sur le marché (ou auprès d’actionnaires existants). Elles peuvent ensuite annuler ces actions.

Les rachats d’actions sont donc une autre manière pour les entreprises de rémunérer leurs actionnaires. En effet, lorsqu’elles annulent les actions qu’elles ont achetées, la valeur de chaque action augmente: l’entreprise est partagée en un plus petit nombre de parts.

Les rachats d’actions ont un intérêt supplémentaire: ils occasionnent en effet un flux acheteur susceptible de soutenir le cours de bourse.

A l’inverse, les rachats d’actions sont parfois critiqués parce qu’ils réduisent les liquidités des entreprises, et donc leur capacité à investir.

Conclusion

Le dividende est une manière pour les entreprises de rétribuer leurs actionnaires. D’une manière générale, le versement d’un dividende en croissance régulière témoigne de la solidité financière de l’entreprise. Mais certaines entreprises choisissent de ne pas verser de dividendes, par exemple lorsqu’elles ont besoin de capitaux pour financer leur croissance.

Les dividendes sont généralement versés en numéraire. Mais il arrive que le dividende soit versé en actions. Cela permet à l’entreprise d’augmenter ses ressources: le versement du dividende en actions s’accompagne d’une augmentation de capital. Certaines entreprises préfèrent procéder à des rachats d’actions plutôt qu’au versement de dividendes pour rémunérer leurs actionnaires, ou une combinaison des deux.

Dans tous les cas, il est important de prendre en compte l’impact de la fiscalité.

On considère parfois que les entreprises qui versent des dividendes élevés sont moins risquées que les autres. Il est vrai qu’il s’agit souvent d’entreprises matures, avec un profil de risque moindre que les entreprises en forte croissance. Mais ce n’est pas toujours vrai. Il faut juger au cas par cas.

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