Il n’est pas toujours nécessaire d’avoir des compétences pointues en comptabilité pour faire des choix judicieux en bourse. Mais il n’est pas non plus raisonnable de se lancer sans avoir un minimum de notions concernant les principaux états financiers. On ne peut pas s’intéresser à la valorisation des actions sans comprendre les principaux postes du bilan ou du compte de résultats, par exemple.
Cet article présente les principaux états financiers. Son contenu est loin d’être exhaustif. Mais vous y trouverez les principales notions qu’il faut maîtriser. Je vous encourage à approfondir ces notions par ailleurs 1Vous pouvez, par exemple, vous plonger dans la lecture de Finance d’entreprise, de Pierre Vernimmen. Ce livre fait figure de référence dans ce domaine depuis un certain temps maintenant. Il est régulièrement mis à jour. Plus d’informations ici..

Toute société côtée en bourse est tenue de publier ses comptes à intervalles réguliers – généralement tous les trimestres. Les états financiers publiés sont au nombre de trois: le bilan, le compte de résultats et le tableau de flux de trésorerie.
Le bilan (ou balance sheet)
Définition
Le bilan est une photographie de ce que possède la société à un moment donné (l’actif), et de ce qu’elle doit (le passif). En comptabilité, l’actif doit toujours être égal au passif. On dit alors que le bilan est « équilibré ».
On présente généralement le bilan sous forme de tableau:
Poste de l’actif | Description | Poste du passif | Description | |
---|---|---|---|---|
Immobilisations | Investissements dont l’entreprise pourra se servir plusieurs années: terrain, immeubles, machines, etc. | Capitaux propres | Valeur comptable des actions. On peut interpréter les capitaux propres comme ce que la société doit à ses actionnaires. | |
Stocks | Matières premières et produits finis que la société n’a pas encore vendus | Dettes fiscales et sociales | Sommes dues à l’état et à l’URSSAF | |
Créances clients | Factures émises par la société, mais pas encore payées par les clients | Dettes fournisseurs | Sommes dues aux fournisseurs | |
Trésorerie | Solde des comptes en banque et des placements de court terme | Emprunts | Sommes empruntées auprès des banques |
Le bilan simplifié
Dans leurs communiqués de presse, les entreprises publient souvent un bilan simplifié:
- On fait la différence entre les emprunts et la trésorerie pour obtenir la dette nette (ou, le cas échéant, le cash net).
- On fait la différence entre les stocks et les créances clients, d’une part, et les dettes fournisseurs d’autre part, pour obtenir le Besoin en Fonds de Roulement (ou BFR). L’idée ici est de regrouper les créances et les dettes qui évoluent rapidement. On parle d’ailleurs d’actif ou de passif « circulant »2En effet, une créance client ne reste au bilan que le temps de recevoir le paiement de la part de ce client. De même, une dette fournisseur aura vocation à disparaître dès que l’entreprise aura payé ce fournisseur. Dans le même temps, de nouvelles créances clients et/ou de nouvelles factures de la part des fournisseurs seront probablement apparues..
Le bilan simplifié se présente alors comme suit:
ACTIF | PASSIF |
---|---|
Immobilisations | Capitaux propres |
BFR | Dette nette |
Le bilan simplifié est très utilisé en finance, parce qu’il a un double mérite:
- Il fait clairement apparaître la valeur de l’entreprise, calculée comme la somme des capitaux propres et de la dette nette.
- Il fait également apparaître le BFR, qui est important car les variations de BFR se traduisent directement par des flux de trésorerie pour l’entreprise. Par exemple, une entreprise industrielle qui connaît une forte croissance aura besoin de constituer des stocks importants pour préparer cette croissance. Cela occasionnera des besoins de financement. De même, elle aura besoin de ressources pour financer le décalage entre la réalisation de ses ventes et le paiement effectif par les clients.
Le compte de résultats (ou Profit & Loss account)
Définition
Le compte de résultats présente ce que gagne l’entreprise sur une période donnée.
Il se distingue donc du bilan qui est une photographie de ce que l’entreprise possède à un instant donné.
Il se présente aussi sous forme de tableau, avec d’un côté les produits (essentiellement le chiffre d’affaires), de l’autre les charges. Les charges sont l’ensemble des frais que l’entreprise a dû supporter pour produire et vendre ses produits. Elles comprennent les achats,
Différents résultats intermédiaires permettent de mieux analyser la performance de la société. Ce sont les SIG ou Soldes Intermédiaires de Gestion. L’EBE (ou EBITDA) et le résultat d’exploitation (ou EBIT), en particulier, sont très utilisés.
Tout en bas du compte de résultats, on trouve le résultat net. Sa définition approximative pourrait être: “ce qui reste à l’entreprise lorsqu’elle a payé tout ce qu’elle doit”.
COMPTE DE RESULTATS | |
---|---|
Chiffre d’affaires (CA) | |
– achats consommés | |
– charges externes | |
– charges de personnel | |
= EBE (excédent brut d’exploitation) | |
– dotations aux amortissements | |
= RESULTAT D’EXPLOITATION | |
– résultat financier | |
– charges d’impôt | |
= RESULTAT NET |
Beaucoup d’entreprises, y compris françaises, utilisent la terminologie anglo-saxonne.
L’EBITDA (Earnings Before Interest, Tax, Depreciation and Amortization) correspond à l’EBE (Excédent Brut d’Exploitation).
L’EBIT (Earnings Before Interest and Tax) correspond au Résultat d’exploitation.
Comprendre les dotations aux amortissements
Un poste du compte de résultats nécessite quelques explications supplémentaires. Il s’agit des dotations aux amortissements. Elles correspondent à la perte de valeur estimée des immobilisations de l’entreprise. Contrairement à la plupart des autres postes de charges, les dotations aux amortissements ne se traduisent pas directement par une sortie de cash.
Exemple pour mieux comprendre la notion d’amortissement
Soit une entreprise qui achète une machine. Cette machine coûte 100K€. L’entreprise s’appauvrit-elle de 100K€ le jour où elle fait cet investissement? Non, car sa sortie de trésorerie correspond à un actif de même valeur, qui lui appartient. Pourtant, cette machine n’est pas éternelle. Imaginons qu’elle a une durée de vie estimée de 10 ans. Cela revient à dire qu’elle perdra environ 10% de sa valeur chaque année.
La comptabilité essaie de refléter cette situation dans les comptes. Le jour où la machine est achetée, rien ne se passe dans le compte de résultats. La sortie de trésorerie (à l’actif du bilan) est compensée par le poste “immobilisations” (à l’actif du bilan aussi). L’entreprise ne s’apauvrit pas. Un an plus tard, en revanche, la valeur nette de l’immobilisation, au bilan, est diminuée de 10% (soit, dans notre exemple, 10K€). Ces 10K€ se retrouvent alors dans le compte de résultats, à la ligne “dotations aux amortissements”. C’est une charge qui vient en diminution du résultat. Mais elle n’a pas d’effet sur la trésorerie de l’entreprise.
Lorsqu’une entreprise investit chaque année des montants à peu près semblables, tout cela finit par s’équilibrer. Les dépenses d’investissement correspondent aux dotations aux amortissements.
Mais il arrive que certaines entreprises décident de réduire très fortement leurs investissements pendant une période (par exemple lorsque le contexte économique se dégrade), avant de les augmenter fortement quelques années plus tard.
Dans ces cas-là, il y a des différences importantes entre les investissements d’une année donnée et les dotations aux amortissements de cette même année. Ce sont des éléments qu’il sera important de prendre en compte lors de l’analyse financière de l’entreprise.
Le tableau de flux (ou cash-flow statement)
Comme son nom l’indique, il correspond aux flux générés par l’entreprise sur une période donnée. C’est une sorte de compte de résultats retraité de tous les mouvements n’ayant aucune incidence cash. Les dotations aux amortissements en sont un exemple typique (cf ci-dessus).
L’idée est d’arriver à calculer le Free-Cash-Flow ou cash-flow disponible pour l’entreprise.
Cash flow disponible = EBE – investissements nets – variation de BFR – charge d’impôt.
Remarque: selon que l’on souhaite calculer le cash-flow disponible pour les actionnaires ou pour l’entreprise dans son ensemble, on enlèvera, ou pas, la charge d’intérêts.
On peut aussi le cash-flow disponible en partant du bas du compte de résultats. On a alors:
Cash flow disponible = Résultat net + dotations aux amortissements (on les rajoute car elles n’ont pas d’incidence cash, comme on l’a vu ci-dessus) – investissements – variation de BFR.
En résumé
Les états financiers sont au nombre de trois:
Le bilan est une photographie de ce que possède l’entreprise à un moment donné: comptes en banque, immeubles, machines, mais aussi le stock, les créances clients… La somme de tous ces éléments constitue l’actif de l’entreprise. A cet actif correspond le passif: essentiellement les capitaux propres (la part de l’entreprise qui revient aux actionnaires) et les dettes (c’est-à-dire ce que l’entreprise doit à des tiers).
Le compte de résultats présente non pas ce que l’entreprise possède, mais ce qu’elle a gagné au cours d’une période donnée, par exemple une année. Il correspond au chiffre d’affaires (les ventes), diminué de tous les frais engagés au cours de la période considérée.
Le tableau de flux se rapproche du compte de résultats. Mais il ne prend en compte que les entrées et sorties de cash. Il ne tient pas compte des charges comptabilisées dans le compte de résultats si elles ne se sont pas traduites par une sortie de trésorerie. Inversement, il déduit les sorties de trésorerie, même si elles n’ont pas donné lieu à une charge au compte de résultats. C’est le cas notamment des dépenses d’investissements (ou capital expenditure, dit capex). Elles ne sont pas considérées comme une charge, car la comptabilité estime que l’entreprise ne s’apauvrit pas immédiatement lorsqu’elle investit.