On peut faire remonter les origines de la bourse à l’Antiquité. Son histoire a souvent été chahutée. Dans cet article, nous revenons sur les épisodes les plus marquants de cette histoire, des origines à nos jours.
Les origines anciennes de la bourse
On peut faire remonter l’origine de la Bourse à l’Antiquité. On retrouve des lieux dédiés aux échanges financiers chez les Phéniciens ou les Grecs, puis chez les Romains. Avant d’être institutionnalisée et contrôlée par les pouvoirs publics, l’initiative provient d’abord des commerçants, qui ont besoin d’un lieu pour se rencontrer et échanger marchandises et titres.
A la Renaissance, avec le développement des échanges, on assiste à la naissance de lieux de rencontre pour commerçants dans plusieurs villes d’Europe. Le nom de “bourse” vient d’ailleurs de la famille des Buerse (Van der Borsen), à Bruges: les marchands se réunissaient quotidiennement devant la maison de cette famille, dès le XIVème siècle.
La naissance des bourses modernes
La première bourse, au sens moderne du terme, est celle d’Anvers, en Belgique, fondée en 1531. En France, il faudra attendre l’année 1540 et la bourse de Lyon (qui devance de 23 ans celle de Paris, née en 1563)… D’autres bourses locales voient le jour, à Toulouse (1548), Rouen (1556), Bordeaux (1571), puis, plus tard, Nantes (1641), Lille (1651), Marseille, etc. Ailleurs en Europe, la Bourse de Londres voit le jour en 1571.
La tulipomania
Au XVIIème siècle se développe en Hollande un engouement pour les bulbes de tulipes importés de Turquie. En 1636-1637, cet engouement prend une ampleur telle que la valeur des bulbes atteints des sommets totalement déconnectés de la réalité économique, avant de s’effondrer. De nombreux particuliers sont ruinés. L’épisode est régulièrement cité comme la première bulle de l’histoire, suivie du premier krach boursier.
L’épisode John Law
Le système de Law
John Law, né à Édimbourg en 1671, développe un système financier novateur, voire audacieux. Le système de Law repose sur l’adoption de la monnaie papier. Les billets de banque remplacent les pièces d’or. Son idée est de faciliter la circulation de la monnaie pour fluidifier les échanges et accroître la richesse.
Le système de Law séduit Philippe d’Orléans, devenu régent du royaume de France à la mort de Louis XIV. Le pays est alors criblé de dettes. L’État ne parvient plus à honorer ses créances. La méfiance s’installe dans les milieux économiques. Le système de Law semble en mesure de régler le problème de la dette et de relancer l’économie du pays.
Law crée une banque qui émet de la monnaie-papier contre de l’or. Le succès est au rendez-vous.
La Compagnie des Indes
En 1717, John Law rachète la compagnie du Mississippi. Deux ans plus tard, elle fusionne avec d’autres sociétés coloniales françaises pour former la Compagnie des Indes. Petit à petit, une intense spéculation, savamment orchestrée par Law, s’empare des titres de la compagnie du Mississippi. Le cours de bourse passe de 500 livres en 1717 à plus de 10,000 livres en 1720, soit une multiplication par 20 ! John Law est alors à son apogée. Il devient contrôleur général des finances du Royaume de France.
L’effondrement du système
A partir de 1720, certains propriétaires méfiants présentent leur papier-monnaie à la banque et récupèrent leur or. Très vite, on se rend compte que la banque ne possède qu’une fraction de l’or nécessaire à la conversion de tout le papier-monnaie. Des émeutes s’ensuivent. La banque doit fermer ses portes.
Parallèlement, le public se rend compte que les richesses de la Louisiane et de la Compagnie du Mississippi ont été largement surestimées. Les informations qu’il a reçues étaient souvent trompeuses. Le cours de la Compagnie s’effondre, provoquant l’un des premiers krachs boursiers de l’histoire, un peu moins d’un siècle après celui de la tulipomanie.
Cet épisode marque les esprits et provoque une méfiance durable envers les marchés financiers.
En 1724, suite à l’épisode de John Law, Louis XV décide de réguler les activités financières. Il attribue un monopole des transactions aux seuls agents de change.
Bulles et krachs du XVIIIème au XXème siècle
De nombreuses bulles et krachs boursiers jalonnent l’histoire de la bourse à partir du XVIIIème siècle. Les événements ci-dessous n’en sont que quelques exemples parmi les plus marquants. Vous trouverez de nombreuses informations supplémentaires dans cet article sur wikipedia.
A la fin du XVIIIème siècle, l’Angleterre s’enthousiasme pour le développement de son réseau de canaux. La spéculation s’empare d’une cinquantaine de sociétés qui font appel à l’épargne publique. C’est la canalmania.
Un peu plus tard, la Compagnie de Suez, fondée en 1858 dans le cadre de la conquête de l’Indochine, entreprend la construction du canal de Suez. Les travaux s’avèrent plus long et plus onéreux que prévu. Les épargnants français, qui l’ont pour partie financée, en sont pour leurs frais.
Quelques décennies plus tard, le canal de Panama provoque lui aussi la ruine de nombreux investisseurs. Comme cela avait été le cas pour le canal de Suez, le coût des travaux se révèle plus élevé que prévu. Ce sont les États-Unis qui terminent les travaux et rachètent la concession en 1903.
A la même époque, les emprunts russes laisseront un souvenir amer à de nombreux petits épargnants français. Ces emprunts, émis en 1888, un an avant la faillite de Panama, avaient pour objectif de financer le Transsibérien. La Russie ne les remboursera jamais, le dernier espoir s’éteignant avec la Révolution Russe de 1917.
Le Krach de 1929. A Wall-Street, le 24 octobre 1929 a lieu le jeudi noir. Ce krach boursier aura des conséquences dépassant largement les États-Unis et la sphère des marchés financiers. Il provoque une profonde récession, non seulement aux États-Unis, mais aussi en Europe. C’est la Grande Dépression, qui explique en partie le développement de mouvements tels que le fascisme et le nazisme.
Histoire récente de la Bourse de Paris
Le Palais Brongniart et la corbeille
Construit au début du XIXème siècle à l’initiative de Napoléon Ier, le Palais Brongniart accueille la Bourse de Paris à partir de 1826.
Jusqu’en 1987, il concentre les échanges de titres financiers qui se font à la corbeille.
Il s’agit d’un espace délimité par une une balustrade et dédié aux agents de change. Les ordres y sont passés à la criée.
Ce terme de « corbeille », aujourd’hui disparu, fait alors partie du langage courant, comme en atteste la citation suivante, que l’on doit au Général De Gaulle:
La politique de la France ne se fait pas à la corbeille.
L’informatisation de la bourse de Paris
A partir du milieu des années 1980, la criée cède la place à l’informatisation. Le système de Cotation Assistée en Continu (CAC) est introduit progressivement de 1986 à 1989.
Il s’agit là d’un tournant majeur dans l’Histoire de la Bourse. Cette petite révolution a nécessité de profondes transformations. Il a fallu remplacer les certificats papier par des fichiers informatiques, les coffres-forts par des serveurs, et la corbeille par un algorithme de gestion des ordres.
Cependant, sur certains marchés, les ordres continuent d’être passés à la criée jusqu’à la fin des années 1990. C’est le cas sur les marchés de produits dérivés : sur le MATIF (Marché à terme d’instruments financiers) et le MONEP (Marché des options négociables de Paris).
Naissance d’Euronext
La Société des Bourses Françaises est créée en 1988, à la suite de la dissolution de la Compagnie des Agents de Change. Elle deviendra Euronext Paris.
L’année 1991 marque la fin des bourses régionales.
En 2000, Euronext Paris fusionne avec les bourses d’Amsterdam et de Bruxelles et devient Euronext. Ce regroupement est né de la volonté d’offrir une liquidité suffisante, ce que les petites bourses ne pouvaient plus faire en restant indépendantes.
Un an plus tard, le groupe s’introduit en bourse. La même année, Euronext rachète le LIFFE (London International Financial Futures and Options Exchange), c’est-à-dire la bourse des dérivés de Londres. En 2002, la Bourse du Portugal rejoint Euronext.
En 2007, Euronext fusionne avec le New York Stock Exchange (NYSE), premier marché mondial d’actions en capitalisation et en volume de transactions. Le premier opérateur boursier mondial, NYSE Euronext, est né.
Dans les années suivantes, Nyse-Euronext rencontre des difficultés, pour différentes raisons, dont la crise économique de 2018. C’est dans ce contexte qu’ICE (Intercontinental Exchange) lance une offre sur NYSE Euronext en 2013. ICE est une bourse américaine spécialisée dans les produits dérivés. Elle décide de ne conserver que le NYSE et le LIFFE et de se séparer des Bourses européennes.
En 2021, Euronext rachète la bourse italienne, Borsa Italiana.
Vous trouverez davantage d’informations sur le site d’Euronext.
Vous pouvez poursuivre en lisant l’article: A quoi sert la Bourse?